Dans le cadre de la Journée internationale contre les DRM (« menottes numériques ») ce 6 mai 2015 l’April propose une vidéo sur la question des livres électroniques et des DRM.
Cette journée est l’occasion de rappeler à quel point ces menottes numériques
sont dangereuses pour les utilisateurs comme pour les développeurs de
logiciels libres, et empêchent des usages légitimes sur
les œuvres.
- Les DRM sont des menottes numériques que la loi interdit de contourner
Plus spécifiquement cette année, nous mettons l’accent sur les livres électroniques et les DRM. En effet, les DRM réduisent grandement les droits des lecteurs et font que, justement, un livre électronique n’est pas équivalent à un livre imprimé. Avec un livre électronique sans DRM, l’utilisateur a globalement les mêmes droits que pour les livres papiers (possibilité de les prêter, de les lire autant de fois qu’il le souhaite, en tout lieu ou sur tout périphérique, ... ), alors qu’avec un livre électronique verrouillé par un DRM l’utilisateur n’a que des droits limités.
Les sous-titres de la vidéo : en français et en anglais (format SRT).
Cette vidéo est une première version destinée à être enrichie de vos commentaires éventuels. Le choix du terme compatibilité au lieu d’interopérabilité est volontaire pour cette vidéo destinée à un large public.
Transcription en français, anglais et espagnol
Voici une libraire… Et ceci est un livre.
Quand la libraire vend un livre à un client, il repart avec et il en fait ce qu’il veut. Normalement, ça ressemble à un truc comme ça. Quand il a fini, il fait généralement ça. Mais il se peut aussi qu’il fasse ça. Soit qu’il le prête, donne ou qu’il le revende. Il a le droit d’en faire tout autre chose… C’est son livre. Plus précisément, c’est sa copie du texte, le papier est à lui. Il en est le propriétaire.
Ceci est une liseuse. C’est une machine qui permet de lire des ebooks. En bon français, on devrait dire livre électronique. Il n’est pas vraiment possible de vous en montrer un. Ça n’a pas de forme. C’est un fichier numérique. Une information qui peut voyager sur plein de supports différents. C’est pour cela qu’en matière de numérique, on parle d’immatériel.
Contrairement au livre, un fichier numérique peut-être dupliqué facilement, sans perte de qualité et pour un coût négligeable. Du coup, le partager est très facile.
Quand on a l’habitude de vendre des livres, cette facilité à partager des ebooks pose un tas de questions.
Une mauvaise réponse a été apportée à celles-ci. On l’appelle DRM pour Digital Rights Management. En français on parle de MTP, ce qui veut dire « mesure technique de protection », sans qu’on sache trop ce qui est protégé de quoi ou de qui. Un DRM est immatériel lui aussi. Si on veut se le représenter, ce serait un truc comme ça (libraire avec un tshirt DRM)
La justification des DRM est de faire que des ebooks se comportent comme des livres. Les DRM sont censés permettre d’éviter qu’ils soient massivement dupliqués et partagés sans que chaque copie soit achetée. Ça pourrait sembler bien mais ça ne l’est pas.
La première raison est que ça va contre la nature des choses. Donc c’est compliqué. Et quand c’est compliqué ça marche mal. Pour lire un ebook avec un DRM il faut avoir du matériel compatible. On est donc obligé d’acheter certaines liseuses et pas d’autres et on est obligé d’avoir le bon logiciel et le bon ordinateur qui fera tourner tout ça. La compatibilité, ce n’est pas le fort d’un DRM. Une fois qu’on a la liseuse, il faut encore que l’ebook qu’on veut lire soit publié sur le matériel qu’on a acheté et le jour où on a envie de changer de liseuse, de fournisseur... nos ebooks ne suivront pas. Le monde des ebook avec DRM ressemble à ça.
La seconde raison pour laquelle les DRM sont une mauvaise solution, c’est qu’ils font plus que d’empêcher la copie. Quand on paye un ebook avec un DRM, on est pas le propriétaire du fichier. On n’a pas le droit de le donner, de le prêter ou de le revendre et il y a tout un tas d’autres conditions d’utilisation qui n’existent pas avec un vrai livre. On n’achète pas un ebook, on loue tout au plus un service de lecture.
La troisième raison est que les DRM vous surveillent. Pour savoir ce que vous lisez, quand, à quelle vitesse, combien de fois, quels passages en particulier et dans quel ordre... Quand vous lisez un ebook, il y a vous, le texte et le DRM qui vous observe.
La quatrième et dernière raison est sans doute la meilleure. Le DRM permet d’effacer vos ebook à distance. Oui, les effacer. Ce n’est pas de la théorie. Amazon avec son Kindle l’a déjà fait plusieurs fois.
Les ebooks avec DRM ne sont pas des livres. L’objectif des DRM n’est pas de rétablir un équilibre rompu par le numérique mais de s’en accaparer tous les bénéfices. Les DRM se voudraient des mesure de protection mais ce sont plutôt des menottes numériques. Pour cela ils vous dépouillent, vous exploitent et vous méprisent.
Ce qui se joue aujourd’hui dans avec les ebooks, se retrouve ailleurs, notamment dans la vidéo à la demande ou le jeu vidéo. La loi prévoit que le consommateur soit informé sur la compatibilité de ce qu’il achète , y compris en matière de mesure de protection technique. Exigez cette information lorsque vous achetez. Sachez faire le bon choix. Bannissez les DRM de votre vie.
Traductions
Version anglaise
This is a bookseller... And this is a book.
When the bookseller sells a book to a customer, he leaves the book shop with it and does what he wants with it. Normally, it looks something like this... When he is done reading it , he usually does this. But he could also do that. He can either lend it, give it, or sell it.
And he has the right to do whatever he wants with it. It’s his book. More precisely, it is his own copy of the text, the paper is his. He owns it.
This is an e-reader. It is a device that makes it possible to read e-books. Properly speaking, we should say, electonic books. It isn’t really possible to show an electronic book to you. It neither has shape nor form. It is a digital file, data that can travel on many different storage devices. That’s why we talk of intangibles when it comes to the digital world.
Contrary to a book, a digital file can easily be duplicated, without any loss of quality and at insignificant cost. This means sharing it is really easy.
When one is used to selling books, this ease with which e-books can be shared raises a ton of questions.
A wrong answer was given to these questions. It is called DRM, for Digital Rights Management. , supposedly methods to protection. What is protected from what or from whom is open to question. DRM is also intangible. If one wanted to represent it anyway, it would look something like that.
The justification for DRM is to make e-books behave like books. DRM is supposed to prevent them from being massively copied and shared, without every single copy being bought. That could seem right, but it isn’t.
The first reason is that it simply goes against how things work the natural order of things. So it’s complicated. And when things are complicated, they don’t work well. So you have to buy a certain kind of e-reader, and not others, and you need to have the right software and the right computer to make it all work. Compatibility is not DRM’s strong suit. And once you have an e-reader, you still need the e-book you want to read to be published specifically for the hardware you bought. And the day you want to change your e-reader or publisher, your e-books won’t work.
The second reason why DRM is a bad solution is that it does more than prevent users from copying. When you purchase an e-book with DRM, you do not own the file. Therefore, you can neither give it, nor lend it, nor resell it. And there are tons of other terms of use that do not exist for a real book. You don’t actually buy an e-book ; at most you only rent a reading service.
The third reason is that DRM tracks you. To know what you read, when, at what speed, how many times, what passages in particular and in what order. When you read an e-book, there is you, the text, and DRM monitoring your actions.
The fourth and last reason is probably the best. DRM can remotely erase your e-books. Yes, erase them. This isn’t just theory. Amazon has already done this several times with its Kindle.
E-books with DRM are not books. The goal of DRM isn’t to reestablish a balance lost with the advent of the digital age, but to hoard all of its benefits. DRM purports to be a protection measure, but it’s actually digital handcuffs. It takes from you, exploits you, and treats you with contempt.
What is happening today with e-books can also be seen elsewhere, in particular with video on demand or video games. The law states that the consumers must be informed of the compatibility of what they are buying, and this includes technological measures such as DRM. Demand this information when you shop. Learn to make the right choice. Ban DRM from your life.
Version espagnole
Esto es una librera... Y esto es un libro.
Cuando la librera vende un libro a un cliente, éste último se marcha con el libro y hace de él lo que quiere. Normalmente, se parece a algo así. Cuando acaba, en general, hace esto. Pero quizás haga esto también. O sea, lo presta, lo regala o lo revende. Tiene el derecho a hacer cualquier otra cosa... Es su libro. Más precisamente, es su copia del texto, el papel es suyo. Él es el propietario.
Esto es un ereader. Es un aparato que permite leer ebooks. En castellano castizo deberíamos decir un libro electrónico. No es posible enseñarles uno. No tiene forma. Es un archivo digital. Una información que puede viajar en una multitud de soportes diferentes. Es por eso que en el ámbito digital se habla de algo inmaterial. Al contrario del libro, un archivo digital puede ser duplicado fácilmente, sin pérdida de calidad y a menor coste. Por lo tanto, compartirlo es muy fácil. Cuando acostumbramos a vender libros, esta facilidad para compartir ebooks plantea un montón de cuestiones.
Se les ha dado una respuesta equivocada. Se le llama DRM por Digital Rights Management, o sea, una medida técnica de protección, sin que se sepa muy bien lo que se protege y de qué o de quién. Un DRM es una cosa inmaterial también. Si queremos hacernos una idea, sería una cosa así (librera con una camiseta DRM). La justificación de los DRM es hacer que los ebooks se comporten como libros. Se supone que los DRM permiten evitar que se dupliquen masivamente y que se compartan sin comprar cada copia. Podría parecer una buena idea, pero no lo es.
La primera razón es que va en contra de la naturaleza de las cosas. Por lo tanto es complicado. Y cuando algo es complicado, funciona mal. Para leer un ebook con DRM hay que tener material compatible. Estamos obligados pues a comprar ereaders concretos y no otros y estamos obligados a tener el software adecuado y el ordenador adecuado que harán que todo esto funcione. La compatibilidad no es el punto fuerte de un DRM. Una vez tenemos el ereader, aún es necesario que el ebook que queremos leer sea publicado con el material que hemos comprado y el día en el que queramos cambiar de ereader o de proveedor... nuestros ebooks no seguirán. El mundo de los ebook con DRM se parece a esto.
La segunda razón por la que los DRM son una solución equivocada, es que hace más que impedir la copia. Cuando pagamos por un ebook con DRM, no somos los propietarios del fichero. No tenemos el derecho de darlo, de prestarlo o de revenderlo y hay un montón de condiciones de uso que no existen con un libro de verdad. No compramos un ebook : como mucho alquilamos un servicio de lectura.
La tercera razón es que los DRM os vigilan. Para saber qué es lo que estáis leyendo, cuando, con qué velocidad, cuántas veces, qué partes en concreto y en qué orden... Cuando estáis leyendo un ebook, estáis vosotros, el texto y el DRM que os observa.
La cuarta y última razón es sin duda la mejor. El DRM permite borrar vuestros ebooks de manera remota. Sí, borrarlos. No es teoría. Amazon con su Kindle ya lo ha hecho varias veces. El objetivo de los DRM no es restablecer un equilibrio roto por lo digital sino acapararse todos los beneficios. Los DRM se presentan como medidas de protección pero son más bien esposas digitales. Para eso, os despojan, os explotan y os desprecian.
Lo que ocurre hoy en día con los ebooks, ocurre en otros ámbitos, en particular el del vídeo a la demanda o los vídeojuegos. La ley preve que el consumidor sea informado sobre la compatibilidad de lo que compra, incluso en términos de medidas de protección técnica. Exigid esta información cuando compréis. Debéis saber hacer la buena elección. Desterrad los DRM de vuestra vida.